En France, près d’un paiement sur deux s’effectuait encore en espèces en 2023, malgré la montée en puissance du paiement sans contact. D’après la Banque centrale européenne, la génération des plus de 65 ans détient le record d’utilisation d’argent liquide au quotidien, loin devant les moins de 35 ans, fervents adeptes du paiement mobile.
Certaines entreprises continuent même d’imposer un minimum d’achat pour accepter la carte bancaire, ce qui entretient la circulation du cash chez certains profils d’acheteurs. L’écart se creuse entre les habitudes des différentes tranches d’âge, révélant des choix ancrés dans l’expérience, la confiance ou la contrainte.
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Qui privilégie encore l’argent liquide ? Un panorama des générations
Les pratiques de paiement ne se résument pas à un choix technique : elles dessinent une véritable cartographie des générations. En France et ailleurs en Europe, l’usage de l’argent liquide reste profondément marqué par l’âge. Les baby-boomers, cette génération née avant l’ère du numérique, continuent de régler plus de la moitié de leurs achats courants en cash, selon la Banque centrale européenne. Derrière ce geste, il y a la recherche d’un contrôle direct sur les dépenses et une confiance inébranlable dans la sécurité tangible du billet ou de la pièce.
Du côté des plus jeunes, la routine a changé de camp. Les moins de 35 ans misent sur la carte, le paiement mobile, les applications qui font disparaître le portefeuille au fond du sac. Pour eux, payer rime avec rapidité et simplicité. Entre ces deux mondes, la génération intermédiaire navigue, choisissant tantôt le cash, tantôt la carte, selon le contexte ou l’habitude familiale.
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Pour mieux saisir cette diversité, voici comment chaque génération s’approprie les moyens de paiement :
- Les baby-boomers : fidèles à l’argent liquide pour régler les achats du marché, au café ou chez le petit commerçant.
- La génération X : un pied dans chaque camp, alternant espèces et carte bancaire en fonction du moment.
- Les millennials et génération Z : passage massif au paiement numérique, recul marqué du cash dans le quotidien.
L’exemple suisse ou luxembourgeois confirme cette tendance, avec des montants retirés plus élevés, mais une dynamique similaire : le cash ne disparaît pas, il se redéfinit. Pour les uns, la méfiance envers la dématérialisation, ou simplement le manque d’accès à des outils numériques, perpétuent l’usage des espèces ; pour d’autres, la confiance va à la carte ou à l’application.
Pourquoi certaines générations restent attachées aux espèces malgré la digitalisation
L’argent liquide occupe encore une place à part dans la vie de nombreuses personnes âgées. Ce n’est pas qu’une question d’habitude ou de nostalgie. Il s’agit avant tout d’un rapport presque instinctif à l’argent : toucher un billet, compter ses pièces, c’est garder la main sur son budget, sans écran ni intermédiaire. Cette préférence s’est ancrée au fil des décennies, rythmée par des souvenirs, des crises et parfois une méfiance grandissante envers les circuits numériques.
Les plus jeunes, eux, ont grandi avec la carte bancaire et les applications de paiement. Les baby-boomers et une part de la génération X, en revanche, continuent de faire confiance au cash, perçu comme le mode de paiement le plus concret, le plus simple à comprendre et à contrôler. La peur de perdre la trace de son argent, d’être victime d’une fraude ou d’un bug informatique, renforce cette fidélité aux espèces.
Voici quelques raisons concrètes qui expliquent la persistance du cash chez certains publics :
- La méfiance envers la dématérialisation se nourrit d’expériences négatives, de scandales ou de bugs bancaires qui fragilisent la confiance dans les systèmes numériques.
- Le souci d’autonomie : retirer des espèces, payer sans dépendre d’aucun intermédiaire technique, c’est préserver un espace de liberté.
- L’exclusion numérique touche particulièrement les personnes isolées ou peu à l’aise avec les outils digitaux, pour qui le cash reste le recours le plus simple.
La Banque centrale européenne et la banque nationale suisse le confirment dans leurs enquêtes : dans les zones rurales ou chez les populations éloignées des banques en ligne, les espèces continuent d’occuper une place centrale. Même si le paiement mobile avance, la société ne tourne pas totalement la page du cash ; il façonne encore les échanges et les liens sociaux de toute une partie de la population.
L’argent liquide en voie de disparition : mythe ou réalité ?
L’idée d’une disparition de l’argent liquide fait beaucoup parler, mais la réalité s’avère plus nuancée. Prenons la Suisse : d’après le Swiss Payment Monitor, l’espèce reste la deuxième méthode de paiement la plus utilisée, juste après la carte bancaire, loin devant les applications mobiles. En France, la carte gagne du terrain, mais dans de nombreuses régions, les espèces restent le moyen de paiement préféré, surtout pour les achats quotidiens.
La banque nationale suisse révèle que 43 % des transactions se font encore en cash, un chiffre qui résiste à l’essor du numérique. Au Luxembourg aussi, la carte bancaire progresse, mais l’argent liquide garde sa place, surtout pour les petits achats quotidiens.
Ce maintien du cash s’explique aisément : réflexe culturel, défiance face à la dématérialisation ou volonté de mieux contrôler ses finances. Même avec l’explosion des paiements numériques, la société ne s’est pas convertie au tout-digital. Chacun garde son mode préféré, qu’il s’agisse de la carte, du smartphone ou des espèces.
Dans plusieurs pays, les usages marquent des différences notables :
- France : la part des paiements en espèces recule, mais sans disparition brutale.
- Suisse : l’espèce reste le réflexe pour les achats de proximité, d’après l’université de Saint-Gall.
- Luxembourg : la carte bancaire et l’argent liquide cohabitent pour les dépenses courantes.
Mieux comprendre la dysmorphie financière entre générations et s’adapter
Les jeunes, eux, grandissent avec la technologie et les services bancaires numériques comme décor quotidien. Le paiement instantané, le sans contact, l’usage d’un smartphone pour envoyer ou recevoir de l’argent : tout cela fait partie de leur routine. Leurs échanges financiers passent par des applications, parfois même pour recevoir de l’argent de poche. Le fossé se creuse : là où les parents parlent de pièces et de billets, les enfants évoquent virements et notifications.
Le cash s’efface chez les plus jeunes, désormais habitués à des virements ou à des comptes ouverts sur des néobanques pour enfants. Cette transition numérique forge leur autonomie financière, et pousse les banques à réinventer leur offre : comptes adaptés, cartes prépayées, outils pédagogiques intégrés.
Regardons comment ce changement s’organise dans les familles :
- Les enfants : premiers pas sur des plateformes digitales, apprentissage de la gestion d’un budget virtuel.
- Les parents : adoption progressive des virements pour l’argent de poche, adaptation aux nouvelles habitudes.
Les réseaux sociaux accélèrent encore cette mutation : dans certains foyers, l’argent liquide ne circule plus ou presque. Reste la question de l’inclusion financière : comment s’assurer que ceux qui restent attachés au cash ne soient pas mis à l’écart ? Entre tradition et innovation, la société cherche sa voie, oscillant entre la nostalgie du billet et l’attrait de la notification instantanée. La réponse n’est pas tranchée, et c’est peut-être là que réside toute la richesse de nos usages.